On entend de plus en plus parler de résilience dans les médias, les écrits relatifs à la psychologie et aux émotions. Que signifie ce terme exactement et pourquoi la résilience prend-elle une place si importante dans nos cheminements émotionnels et nos processus de guérison intérieure ? En latin, « resilio », signifie « sauter en arrière ». Sauter en arrière tel un rebond, un affrontement face à un choc, une résistance, une réaction. C’est à la psychologue américaine Emmy Werner que l’on doit l’assimilation de la notion de résilience en psychologie. Ce concept sera développé et répandu dans les années 1990 par le neuropsychiatre français Boris Cyrulnik. Le philosophe et sociologue Frédéric Lenoir définit la résilience comme « le processus psychique qui permet à un individu affecté par un traumatisme profond de se reconstruire, de trouver en lui, sans rien nier de ce choc, les ressources nécessaires pour avancer dans la vie ». Transposez ce concept au monde professionnel et vous constaterez que les individus qui réussissent le mieux sont ceux qui savent faire preuve de résilience. Akash Karia, coach spécialisé dans l’optimisation de la performance, a étudié comment la résilience produit des effets positifs quand il s’agit de faire face à des émotions désagréables telles que la tristesse, la frustration ou la colère. Dans son ouvrage « Emotional Habits », il nous livre 7 clés pour intégrer la résilience dans notre vie.

Le respect de ses émotions

Nos émotions véhiculent un message. Par conséquent, qu’elles soient agréables ou désagréables, il est essentiel de leur accorder la plus haute attention. Chacune de nos réactions face à un évènement se construit à la lumière de nos expériences de vie, de notre personnalité, de nos éventuels traumatismes émotionnels. Voilà pourquoi chaque individu est responsable de ses émotions et plus encore de ses réactions. Derrière chaque émotion dite « négative », se cache une intention positive.

Dès lors, si votre client vous téléphone pour vous affubler de noms d’oiseaux, vous aurez le choix de céder à votre colère et d’utiliser un lexique ornithologique encore plus vaste. Vous aurez également le choix d’identifier l’intention positive qui se cache derrière votre irritation (vous protéger face au mécontentement et aux critiques de votre interlocuteur). Ainsi, vous apporterez une réponse appropriée et professionnelle. Cela calmera les différends et mènera la conversation vers une issue constructive.

Les postures de pouvoir à adopter

Vous remarquerez que nous n’avons pas la même posture selon que nous nous sentons triste, de mauvaise humeur, joyeux ou fier par exemple. Effectivement, notre gestuelle et la position de notre corps en disent long sur notre climat intérieur. Si votre collaborateur arrive au bureau avec une mine renfrognée et les épaules affaissées, vous comprendrez tout de suite qu’il se sent en colère et abattu. Or, Il est possible d’utiliser son corps pour modifier son état émotionnel. Vous être triste ? Forcez-vous à sourire et vous ressentirez rapidement une forme d’apaisement intérieur. L’auteur nous décrit dans son ouvrage la « posture de pouvoir » qui facilite le retour à soi et la connexion avec son intention positive (celle qui se cache derrière l’émotion désagréable) : « tenez-vous debout ou assis, les épaules en arrière, les pieds légèrement écartés et respirez profondément pendant 2 minutes ». La chimie de vos hormones va opérer pour vous procurer confiance et sérénité.

La capacité à donner du sens

Nos réactions dépendent du sens que donne notre cerveau aux situations auxquelles nous sommes confrontés. La bonne nouvelle, c’est que nous avons la capacité de modifier le sens que nous portons aux choses. Par conséquent, nous modifions nos réactions. Nos croyances sont un filtre souvent terne et fourbe qui biaise notre compréhension des événements. Pour faire preuve de résilience face à une situation au premier abord dramatique, évaluez la situation. Portez votre attention sur les autres aspects de votre vie qui pourraient être considérés comme positifs afin de donner moins de pouvoir aux apparentes difficultés.

Par exemple, si votre manager vous change de poste, vous allez avoir peur de la nouveauté et vous serez probablement en colère de quitter votre zone de confort. Mais vous pouvez y voir aussi une formidable opportunité d’apprentissage, un nouveau challenge propice au dépassement de soi.

La force des croyances

Prenons-garde à nos croyances. Celles-ci peuvent s’avérer limitantes comme stimulantes. Il est alors utile de savoir les différencier pour dépasser ses peurs et passer de l’immobilisme à l’action constructive. Faire preuve de résilience émotionnelle, c’est développer la capacité à modeler ses croyances pour répondre aux événements extérieurs de manière adaptée. Pour ce faire, tentez d’associer une croyance stimulante à chaque croyance limitante. Vous avez la croyance d’être incapable de parler en public ? Rappelez-vous que par le passé, vous avez fait plusieurs allocutions remarquables sur un thème que vous maîtrisiez, sans balbutier ni rougir. Parler en public est donc possible pour vous. A chaque fois que la croyance limitante va se présenter à vous, remplacez-la par la croyance stimulante et répétez-la tel un mantra. C’est ainsi que vous développerez de nouveaux automatismes et ferez preuve de résilience émotionnelle.

Le pouvoir caché des questions

Nous l’avons vu précédemment, le cerveau va toujours chercher à donner du sens à toutes les informations qu’il reçoit. Si se poser des questions telles que « Pourquoi la vie est difficile ? » ou « Pourquoi cela n’arrive qu’à moi ?» est légitime, cela favorise les réactions « négatives ». Pour développer la résilience émotionnelle, décidez de remettre en cause le postulat négatif. Par exemple, vous pourrez vous poser les questions suivantes : « Quelle est la leçon à tirer de cette situation ? », « Quels avantages puis-je tirer de ce que je considère être un échec », « Comment apprendre de cette situation pour progresser dans mon travail ? » etc. C’est ainsi que vous développerez une meilleure conscience de vous-même. C’est grâce à cette réflexion positive, que l’apitoiement sur soi laissera progressivement la place à l’impulsion d’aller de l’avant.

La puissance des dialogues internes positifs

Il ne s’agit en aucun cas d’effacer les souvenirs désagréables ou traumatisants. Au contraire, l’idée est d’associer à ces souvenirs des images agréables, des phrases positives ou humoristiques, des sensations différentes. Nous mettons à profit de cette manière les 3 sens privilégiés du cerveau : la vision, l’audition, la kinesthésie. Rappelez-vous votre dernier échec : visualisez cette scène comme si vous la regardiez sur un écran de cinéma. Au lieu de penser que vous êtes ridicule d’avoir raté votre dernier entretien, dites-vous que vous êtes heureux d’avoir compris là où vous avez péché pour ne pas le reproduire lors de futurs rendez-vous. Ressentez dans quelle partie du corps se loge l’inconfort lié au souvenir et inventez un bouton d’intensité que vous pourriez manier à la baisse !

Le contrôle de la boucle APC : antécédent, posture, conséquence

Imaginons que dans votre début de carrière professionnelle, vous étiez sujet à des critiques par vos collègues et que vous répondiez à leurs commentaires par de l’agressivité. Les critiques représentent l’antécédent A, l’action de s’emporter représente la posture P et les conséquences imposées par le manager représentent la conséquence C. Projetez-vous dans un scénario différent en posture P : plutôt que de céder à l’énervement face aux critiques de vos collègues, visualisez-vous calme, détaché, voire confiant. Cette approche permet à votre cerveau de créer des connexions neuronales différentes, qui vous aideront à gérer de manière plus efficace l’antécédent incriminé lorsqu’il se représentera (ici les critiques sur son travail). En résumé, reprendre le contrôle de cette boucle APC s’est se donner l’opportunité de mettre en place de nouveaux mécanismes face à nos réactions habituelles…

Grâce à ces 7 clés, vous pourrez petit à petit faire face à vos émotions désagréables sans vous laisser submerger par leur négativité. Vous gagnerez ainsi en résilience émotionnelle et décuplerez votre confiance dans tous les aspects de votre vie.

Points à retenir :

  • La résilience est « le processus psychique qui permet à un individu affecté par un traumatisme profond de se reconstruire, de trouver en lui, sans rien nier de ce choc, les ressources nécessaires pour avancer dans la vie ».
  • Nos émotions véhiculent un message.
  • Chaque individu est responsable de ses émotions et de ses réactions.
  • Derrière chaque émotion dite « négative », se cache une intention positive.
  • Utiliser votre gestuelle et la position de votre corps pour influer sur votre climat intérieur.
  • Nous avons la capacité de modifier le sens que nous portons aux choses.
  • Remplacer les croyances limitantes par des croyances stimulantes.
  • Associer des images agréables, des phrases positives ou humoristiques, des sensations différentes à vos souvenirs désagréables.