Poser une question et obtenir une réponse, un fondement simple et essentiel dans tout schéma de communication … Mais saviez-vous que le questionnement pouvait être plus qu’une simple figure de rhétorique ? Et que savoir bien poser une question au bon moment et de la bonne manière relevait d’un savoir-faire technique et vous donnait un outil efficace est pertinent pour vos échanges avec vos collaborateurs ?

Savoir poser une question vous permet d’obtenir la réponse dont vous avez besoin pour avancer. Questionner, c’est se mettre en position d’écoute active et orienter l’autre vers une communication constructive.

Quatre méthodes sont à connaître pour devenir un vrai Sherlock Homes en entreprise !

Les types de question

Choisir son type de question, c’est par définition définir le type de réponse qu’on attend. Habituellement, on classe les questions selon six genres différents :

  • La question fermée qui restreint la réponse à un Oui ou un Non.

Ex : Est-ce que cela vous convient ?  Est-ce que ce projet vous intéresse ?

Cette question à l’avantage d’induire un positionnement sans ambivalence par rapport à un sujet ou une personne. 

  • La question ouverte qui a l’inverse de la question fermée obtient une réponse développée et argumentée.

Ex : Toutes les questions qui commencent par un Pourquoi ou un Comment.

Ce type de question oblige votre interlocuteur à approfondir sa pensée.

  • Les questions alternatives qui laissent le choix ouvert.

Ex : Préférez-vous une réunion mardi ou jeudi ?

Ce type de question n’offre que deux alternatives, elles permettent de diriger un choix. Elles sont également beaucoup utilisées dans les sondages.

  • Les questions relais qui font appel à une tierce personne pour ajouter un point de vue.

Ex : Et vous, comment répondriez-vous à cette question ?

Elles permettent de faire participer d’autres intervenants et de varier les opinions sur un seul et même sujet.

  • La question miroir qui renvoie la question à l’émetteur.

Ex : Et vous-même, qu’en pensez-vous ?

Elles vous évitent, en tant que récepteur, de répondre directement à la question. Attention cependant, cette technique est souvent apparentée à une forme de manipulation ou révélatrice d’une personne qui fuit la discussion.

  • La question écho qui rebondit sur la question initiale.

Ex : Vous croyez donc que la situation est compliquée ?

Elle vous permettra de sonder l’autre et d’avoir son avis sur sa propre question.

L’ordre des questions

L’ordre des questions peut influencer les réponses ! Agencées les unes par rapport aux autres, elles interagissent et créer un effet de contexte. C’est-à-dire quand la réponse à une question B et influencée par le contenu de la réponse à la question A. Réfléchir sur l’ordre de vos questions est particulièrement important lors d’une enquête de satisfaction ou d’un questionnaire préparatoire à un bilan annuel.

Ex : Si j’ai répondu cela à la question 1, je ne peux pas me contredire dans la réponse à la question 2.

Vous avez des doutes ? On vous donne un exemple pratique :

Dans un ouvrage des années 90*, deux questions sont posées :

a – Trouvez-vous normal ou pas normal que les étrangers résidant et travaillant en France depuis quelques années votent aux élections municipales ?

b – Trouvez-vous normal ou pas normal qu’il y ait des mosquées en France ?

Lorsque la question a est posée avant la question b, 40% des personnes interrogées ont répondu favorablement à la question a mais ce pourcentage tombe à 31% lorsque la question b est posée avant la question a !

Explication : si on commence par parler du droit de vote, on donne au mot « étranger » une signification très large alors que si on commence par parler des mosquées, on donne au mot « étranger » un sens plus restreint en se focalisant sur les musulmans.**

Si vous souhaitez rester neutre dans votre manière de questionner, la technique dite de l’entonnoir est un bon moyen de ne pas influencer les réponses en passant des questions de détail à des questions générales.

La manière de les poser

Le troisième critère repose sur la formulation même de vos questions.

  • Le vocabulaire : plus les mots sont simples, mieux la question sera comprise et la réponse précise. Si vous utilisez des mots de spécialiste, vous risquez de perdre voire de bloquer votre interlocuteur. De la même manière, veillez à utiliser des mots objectifs et impartiaux afin de ne pas influencer ou connoter la réponse.
  • La longueur de vos questions : favorisez des questions courtes qui contiennent une seule information interrogative à la fois. Dans le cas contraire vous risquez fortement d’égarer la personne en face de vous !
  • La formule interronégative : c’est bien connu, une question qui commence par une négation du type « ne pensez-vous pas » ou « vous ne voulez quand même pas que je » …, conditionne plus une réponse positive que négative. On parle alors de question rhétorique qui attend plus une confirmation qu’une réponse libre. Et qui met une forme de pression sur votre allocutaire.

Le schéma de Lasswell

Le modèle de Lasswell est d’une simplicité d’enfant ! Il permet une investigation complète sur une thématique identifiée, en se basant sur des questions élémentaires et directes :

QUI ?

QUOI ?

OU ?

QUAND ?

COMMENT ?

POURQUOI ?

Un schéma quelque peu directif mais qui offre une grande latitude de réponse à votre interlocuteur si le sujet le permet !

Savoir bien questionner votre interlocuteur, c’est ?

  • Adapter le type de ses questions au type de réponse souhaitée
  • Être vigilant à l’ordre des questions
  • Soigner la présentation de la question
  • Aller à l’essentiel pour avoir une vision globale d’un sujet

 

*Grémy Jean-Paul. Questions et réponses : quelques résultats sur les effets de la formulation des questions dans les sondages. In:Sociétés contemporaines N°16, Décembre 1993

*issu de l’article : https://questionnaire-pro.fr/accueil/articles/34/choisir_ordre_des_questions_pour_ne_pas_influencer_les_réponses