La plupart d’entre nous pense savoir quels sont ses points forts et ses faiblesses mais sommes-nous pour autant très objectifs ? N’est-ce pas en comptant sur ses atouts que l’on parvient à trouver sa légitimité dans le monde professionnel ? Ainsi, selon le professeur et consultant américain en management d’entreprise Peter F. Drucker, se manager soi-même est un préalable nécessaire à toute forme d’encadrement. Cela permet de trouver sa juste place et de rester impliqué tout au long de sa carrière professionnelle, mais pas que. Se manager soi-même c’est, aussi et surtout, attirer à soi le succès grâce à une bonne connaissance de ses valeurs, de ses atouts et de ses domaines de compétence.

Loin d’être une prédisposition innée, se manager soi-même s’apprend en cheminant vers la connaissance de soi. Pour cela, Peter F. Drucker propose de répondre à 5 questions permettant de percer à jour nos talents cachés.

Les 5 questions permettant de mieux se connaître

Quels sont mes points forts ?

La performance se construit sur ses atouts et non sur ses faiblesses alors prenez le temps de vous interroger. Pour cela, il existe un outil infaillible : l’analyse rétroactive. Cet outil nous vient d’un théologien allemand du XIVème siècle et fut repris par les non moins illustres Jean Calvin et Ignace de Loyola.

Voici comment procéder : à chaque décision importante ou action engagée, notez le résultat que vous souhaitez obtenir. Une fois le résultat obtenu, (quelques semaines ou mois plus tard) comparez-le avec celui que vous aviez escompté. L’analyse rétroactive est la façon la plus simple et précise pour identifier votre conduite à tenir car elle met en lumière :

  • Vos points forts : n’ayez de cesse de les perfectionner et de les mettre en œuvre.
  • Vos faiblesses : une fois identifiées, vous pourrez les améliorer.
  • Les domaines où vous faites preuve « d’arrogance intellectuelle » : laissez de côté la vanité pour vous ouvrir sur votre environnement avec humilité et objectivité.
  • Vos mauvaises habitudes : que vous pourrez corriger.
  • Votre manière d’être : avez-vous toujours la bonne attitude dans vos relations professionnelles ?

Quel est mon style de travail ?

Il existe différentes façons d’exercer son métier, diverses méthodologies, diverses postures professionnelles. Si vous travaillez selon un schéma qui n’est pas le vôtre, vous augmenterez le niveau de difficulté et donc vous réduirez votre productivité. La façon de travailler ne se choisit pas, elle est inhérente à votre personnalité. Pour savoir comment vous fonctionnez, vous pouvez vous poser les questions suivantes :

  • Suis-je auditif ou visuel ? Si vous êtes visuel, vous avez besoin de lire ou de poser les choses par écrit avant de vous exprimer. Si vous êtes auditif, vous serez à l’aise dans les conversations.
  • Quel est mon style d’apprentissage ? Apprenez-vous en écrivant, en agissant ou en parlant ?
  • Est-ce que je sais travailler en équipe ou suis-je un solitaire ? Si je sais travailler en équipe, quelle est la nature de mes relations au sein de l’équipe ?
  • Est-ce que j’obtiens de meilleurs résultats comme décideur ou comme conseiller ?
  • Suis-je efficace en situation de stress ou ai-je besoin d’un environnement sécurisé ?
  • Est-ce que je travaille mieux dans une grande ou dans une petite structure ?

Quelles sont mes valeurs ?

Interrogez-vous pour savoir si vos valeurs sont en accord avec celles de l’entreprise dans laquelle vous travaillez. En effet, travailler dans une entreprise dont le système de valeurs ne correspond pas au vôtre vous fera perdre en engagement et en productivité. Les conflits de valeurs peuvent se retrouver dans la politique commerciale, de ressources humaines comme dans la stratégie. Les conflits de valeurs peuvent apparaître avec vos points forts : vous pouvez exceller dans un domaine de compétence sans pour autant être en accord avec vos valeurs. En respectant vos valeurs, vous opterez pour le choix professionnel le plus cohérent et le plus juste pour vous.

Quelle est ma place ?

Une fois après avoir répondu aux 3 questions précédentes (quels sont mes points forts, quel est mon style de travail et quelles sont mes valeurs), vous devriez être en mesure de déterminer les domaines dans lesquels vous n’avez pas votre place. Par exemple, si vous avez compris que vous n’étiez pas un décideur mais un conseiller, et bien cherchez un poste de conseiller pour être dans votre zone d’excellence. Autre exemple, si une opportunité ou un changement professionnel vous est présenté, vous saurez si c’est bon pour vous d’accepter ou non la proposition. Dans l’affirmative, vous construirez votre nouvel emploi ou vos nouvelles missions autour de vos valeurs et de vos atouts.

Quelle devrait être ma contribution ?

Le monde du travail est sorti de l’ère de la subordination. Dans un rapport de subordination, le supérieur hiérarchique assigne ses tâches à son collaborateur. Ce dernier se borne à faire ce qu’on lui demande. A l’inverse, laisser son collaborateur œuvrer à sa manière n’est guère plus productif. Voilà pourquoi il est essentiel de déterminer quelle est votre contribution : « où et comment puis-je obtenir des résultats qui feront changer les choses dans les 18 mois à venir » ? Voici les critères pour vous aider à répondre à cette question :

  • Les résultats doivent être difficiles à atteindre, mais accessibles. Cela doit vous demander de faire des efforts.
  • Les résultats doivent être atteignables.
  • Les résultats doivent être significatifs, c’est-à-dire permettre d’apporter du changement.
  • Les résultats doivent être observables et quantifiables.

C’est en répondant à ces questions que vous trouverez votre stratégie, votre conduite à tenir.

L’engagement relationnel pour se manager soi-même

Se manager soi-même ne signifie pas qu’il faille travailler en solitaire pour obtenir des résultats. Au contraire, se manager soi-même nécessite d’interagir avec les autres. Pour avoir des relations inter-personnelles harmonieuses et en tirer de la performance, il est nécessaire de considérer ses collaborateurs. Ayez conscience que « l’autre » est un individu à part entière qui a ses points forts, son style de travail et ses valeurs. Fort de vos connaissances en la matière vous saurez non seulement les repérer chez vos collaborateurs mais aussi les amener à se poser les bonnes questions. Ainsi le manager pourra s’adapter aux méthodes de ses collaborateurs pour leur assurer les meilleures performances. C’est pourquoi on ne peut faire l’économie de la communication avec quiconque.

Parce que vous êtes avant tout des individus devant vous acquitter de votre charge en faisant le meilleur usage de vos compétences, apprendre à vous manager vous-même pourra vous propulser de la compétence à l’excellence.

Points à retenir :

  • Parce que la performance se construit sur ses atouts, savoir se manager soi-même est essentiel.
  • L’analyse rétroactive est un outil efficace pour déterminer ses atouts.
  • Travailler selon son style de travail accroît la performance.
  • Si les valeurs de l’individu sont en accord avec celle de l’entreprise, il sera d’autant plus motivé et efficace.
  • Respecter ses valeurs permet d’opter pour le choix professionnel le plus cohérent et le plus juste pour soi.
  • Trouver sa place amène dans sa zone d’excellence.
  • Chercher où et comment obtenir des résultats qui feront changer les choses dans les 18 mois à venir.