Pour bien communiquer, il ne s’agit pas simplement de bien s’exprimer mais aussi de bien se faire comprendre. L’outil que nous vous présentons aujourd’hui permet de mieux émettre un message, d’éviter les incompréhensions et de rassurer son interlocuteur sur la prise en compte de ses ressentis. La boussole du langage repose sur les recherches d’Alain Cayrol et de Françoise Kourilsky et sur le fait que l’important ce n’est pas ce que nous disons mais ce que l’autre comprend ! Le principe est simple : la plupart des gens ne différencient pas la connaissance factuelle (ce que je perçois) de la connaissance inférentielle (ce que je déduis, suppose, interprète, …). Cette confusion provoque bon nombre de problèmes de communication et de conflits. La boussole nous permet d’en prendre conscience et de reformuler ce qu’on dit de manière plus précise. Démonstration.
Le cheminement de pensée et les 4 types de contenu
Quand nous recevons un message, trois étapes successives participent au cheminement de notre pensée :
- Nous commençons par percevoir intuitivement une situation : nous faisons une expérience.
= NORD DE LA BOUSSOLE ==> REALITE DE 1er ORDRE
- Ensuite, nous lui donnons une interprétation, une signification ou nous faisons une hypothèse.
= SUD DE LA BOUSSOLE ==> REALITE DE 2ème ORDRE
- Enfin, nous évaluons, jugeons ou encore énonçons à ce propos une règle.
= EST et OUEST DE LA BOUSSOLE ==> REALITE DE 2ème ORDRE
La boussole du langage permet de repérer ce mécanisme et d’identifier les 4 types de contenus qui « altèrent » notre compréhension d’un message en fonction de sa place sur la boussole :
Schéma de base d’utilisation
Avoir en tête la boussole quand on a en face de soi une personne qui présente une information contestable ou qu’on se sent en position de blocage permet de vérifier la bonne compréhension mutuelle d’une situation. La technique est simplissime : poser des questions de clarification.
Pour chacun des fonctionnements identifiés ci-dessus, la boussole du langage vous apprend à repérer les indicateurs du type d’interprétation dans lequel vous vous trouvez et à poser les bonnes questions en retour. Ainsi :
- Les généralisations
Si vous relevez des mots comme « toujours, jamais, personne, tout le monde, les gens… » bref des expressions génériques, n’hésitez pas à retourner la même expression mais en mode interrogatif : « Toujours ? Jamais ? Vraiment personne ?… »
Cela permettra à votre interlocuteur de préciser sa position et de la raccrocher à un épisode concret.
- Les règles
Une communication qui passe par les indicateurs « il ne faut pas, je ne peux pas, ça ne se fait pas, on doit … » dénote d’un message basé sur des règles. Pour mieux comprendre et échanger, il convient de poser des questions qui raccrochent votre interlocuteur dans la réalité factuelle : « que se passerait il si vous le faisiez ? Qu’est-ce qui vous en empêche ? Comment savez-vous que cela ne se fait pas … ».
- Les jugements
Les expressions toutes faites comme « c’est bien, c’est mal, c’est important, je suis incapable… » et qui impliquent un jugement de valeur seront précisées par, encore et toujours, des questions sur l’origine factuelle de l’avis de votre interlocuteur : « En quoi est-ce bien, mal ? Sur quoi vous basez-vous pour dire que … »
- Les suppositions
Un discours basé sur la supposition laissera apparaitre des indicateurs comme l’emploi du conditionnel, des phrases commençant par « et si » et des conclusives hâtives. Questionnez la personne en face de vous en commençant vos questions par « comment » ou « pourquoi » afin de comprendre l’origine factuelle de la déduction, si elle existe !
Vous l’aurez compris, face à une situation de blocage dans un processus de communication, ramener le discours aux faits réels permet de fournir à votre interlocuteur l’occasion de préciser son propos.
Les bénéfices de la boussole du langage :
- Repérer les dysfonctionnement dans un échange avec votre interlocuteur
- Avoir un outil d’aide à la clarification des propos : ceux des autres mais aussi les vôtres !
- Rendre les échanges plus constructifs
Je trouve votre article très clair, et particulièrement utile, afin de « prévenir les malentendus ». J’ai actuellement ce problème avec un enseignant, dans un cours hebdomadaire dans le cadre d’une association… Je vais aller à mon prochain cours « avec la boussole du langage ». Je suis persuadé que, si je garde l’oeil sur cette boussole, le malentendu se dissipera progressivement. Un grand merci ! ML