« La rhétorique » … un concept qui date des temps anciens mais dont les prouesses syntaxiques fonctionnent toujours aujourd’hui dans l’art d’argumenter. Véritable outil dans un processus de conviction d’autrui, la rhétorique permet de transformer un argument faible en argument fort grâce aux mots et à leur construction.
Un des plus célèbres rhéteurs, le Grec Protagoras (486-410 av. J.-C.), posa le principe dialectique selon lequel n’importe quel sujet pouvait être énoncé selon deux thèses contraires. L’importance résidant dans le fait qu’elles étaient vraisemblables, donc que tout bon orateur pouvait faire passer n’importe quelle idée comme un fait avéré. Prudence donc à ne pas basculer dans l’art de manipuler ! Utilisée à bon escient, la rhétorique permet simplement de structurer un discours percutant. En voici les figures de style principales :
Le passage du rationnel à la constatation : la déduction
La déduction consiste à partir de faits que votre interlocuteur tient pour acquis et à l’amener à un autre fait qui en découle et que l’on souhaite faire constater. Le raisonnement ne se réalise pas par une observation directe des faits mais par la référence d’une vérité à une autre, en partant d’un fait au préalable accepté par la personne en face de vous. Cette mécanique part d’une affirmation générale pour aller vers une constatation particulière.
Exemple :
Fait avéré : le président de la République est un homme.
Vérité générale : tous les hommes dorment.
Déduction : DONC, le président de la République dort.
Le passage de proposition à une conclusion : le syllogisme
Le principe du syllogisme a été mis en lumière par Aristote ! Il désigne un raisonnement logique constitué de deux propositions qui amènent vers une conclusion irréfutable. La différence avec la déduction étant que le syllogisme s’établit à partir d’hypothèses alors que la déduction se construit à partir de constatations.
Il se construit en 3 étapes :
- Enoncer une règle générale
- Revenir au cas particulier de son interlocuteur
- Faire le lien entre la règle générale et le lien particulier et arriver au résultat de votre démonstration.
Exemple :
Un vendeur de produits financiers doit convaincre un particulier de souscrire à un produit de retraite complémentaire :
Hypothèse 1 : tout le monde sait que le financement des retraites sera de plus en plus difficile.
Hypothèse 2 : vous souhaitez ne jamais être à la charge de vos enfants, et pouvoir conserver une indépendance financière.
Syllogisme : vous devez donc penser dès à présent à vous constituer une retraite complémentaire.
Le syllogisme est une figure qui permet donc de donner beaucoup de poids à votre discours.
- Il permet de rationaliser une décision. Le raisonnement structuré que propose le syllogisme permet au cartésien de trouver les justifications utiles pour se convaincre lui-même de la pertinence de son choix.
- Il permet d’exprimer une certaine rigueur. Cette technique s’appuie sur la force de l’autorité et de la compétence de celui qui l’énonce. Il témoigne d’une maîtrise du sujet.
- Il permet de « vendre des critères de choix ». Il s’agit sans doute ici de sa meilleure utilisation possible. Il est en effet nécessaire que votre interlocuteur adhère à certains principes pour pouvoir ensuite accepter votre proposition. Le syllogisme sera très utile pour appuyer l’argumentation sur des critères de choix intermédiaires.
L’hypostatisation (ou l’absence d’index de référence)
Derrière ce nom compliqué se cache la légitimation d’une idée par une donnée conceptuelle. L’argument s’appuie alors sur une abstraction totale qui est trop subjective pour être discutée comme telle.
Exemple :
Selon la philosophie …
Le droit nous commande de …
Un bon orateur ne doit pas abuser de cette figure de style sous peine de parler dans le vide. Il l’utilisera uniquement pour donner de la hauteur et une dimension philosophique à son raisonnement.
Le sublime
Si vous devez faire un discours qui emporte votre auditoire, la figure du sublime a pour objectif de créer un transport émotionnel collectif. Elle passe par un partage absolu d’une émotion, comme un chanteur en transe devant son public sur scène. Il s’agit bien sûr d’être profondément convaincu de son propos et de son intérêt pour ses interlocuteurs pour espérer l’atteindre. Quatre critères doivent être réunis pour créer une réception passionnelle de votre discours par votre auditoire :
- Une imagination fertile
- Une utilisation conséquente des images et des métaphores
- Un choix judicieux des mots et une excellente éloquence
- Un bon agencement de ceux-ci afin de créer une véritable mélodie verbale
Les bénéfices d’une bonne utilisation des figures de style de la rhétorique
- Faire comprendre parfaitement votre message
- Faire adhérer votre auditoire à votre propos
- Faire aimer ce que vous voulez transmettre et ainsi motiver vos équipes ou vos interlocuteurs !