Penser l’entreprise différemment pour innover, gagner en compétitivité et performance, telle est l’ambition de l’entreprise apprenante.

« Une entreprise apprenante est bien plus qu’une structure qui favorise l’apprentissage des salariés. C’est une organisation qui, elle-même, apprend et s’adapte de manière organique. » Alexandre Malarewicz.

Cette notion apparaît en 1990 avec les travaux du professeur de management américain Peter Senge : selon lui, tout part de l’environnement. C’est en étudiant cet environnement, en le comprenant et en agissant en fonction de lui que l’entreprise maintient sa productivité.

L’entreprise n’est donc plus envisagée comme un moyen mais comme une fin. Elle n’est plus seulement une entité qui permet à ses salariés de suivre des formations pour accroître leurs compétences (moyen). L’entreprise est désormais considérée comme une entité en mouvement dotée de la capacité d’évoluer et de s’adapter en permanence à son environnement (fin).

Comment repenser la culture de l’apprentissage pour faire de votre entreprise une entreprise apprenante ? C’est ce qu’Alexandre Malarewicz, enseignant à HEC Paris, vous explique ci-après.

Vers une nouvelle culture d’entreprise et d’apprentissage

Aujourd’hui, atteindre des objectifs professionnels, commerciaux, ne suffit plus à maintenir le plus haut degré de productivité. La valeur ajoutée de l’entreprise apprenante réside dans le fait de rester connectée aux besoins du marché.

Pour cela, l’entreprise apprenante doit répondre à 3 exigences majeures :

Anticiper et s’adapter aux évolutions du marché.

Stimuler la créativité, l’esprit d’initiative et l’autonomie des salariés.

Attirer, fidéliser et investir dans ses talents.

Ainsi, selon Peter Senge, pour agir en fonction de l’environnement, il est impératif de développer l’apprentissage au niveau salarial et aussi au niveau de l’entité elle-même.

Comment favoriser l’apprentissage dans une entreprise apprenante ?

– En créant, développant et en transférant du savoir aux salariés.

– En modifiant ses comportements, ses process, son organisation pour agir de manière adaptée à la multitude de situations qui se présentent.

Voici les 3 conseils d’Alexandre Malarewicz :

1. Donner la priorité à la résolution des problèmes

Dans une entreprise apprenante, chaque difficulté est envisagée comme une formidable opportunité d’apprentissage.

Ainsi, quand un problème apparaît, il est traité de la manière suivante :

  • Identifier et analyser le problème qui se présente.
  • Chercher la solution en s’attachant aux faits pour prendre la décision qui convient : rechercher des données fiables, définir les indicateurs de qualité etc.
  • Valoriser l’expérimentation tout en cadrant la prise de risque. Le risque zéro n’existe pas, c’est pourquoi il est important de délimiter son périmètre de sécurité, qu’il soit économique ou humain. Une fois cela fait, vous pourrez déléguer, demander des avis pour rendre vos collaborateurs autonomes dans leur travail expérimental.
  • Suivre une pensée systémique : il s’agit d’envisager un problème dans son ensemble en élargissant le focus. Prenez du recul, pensez global et restez flexible !

2. Instaurer une dimension réflexive sur l’expérience

Nous venons de voir que dans une entreprise apprenante, chaque action menée est source d’apprentissage. C’est pourquoi il est d’usage de dresser un bilan de ces actions : quelles ont été les difficultés rencontrées, quelles stratégies ont été adoptées, quelles décisions ont été prises, quelles sont les conséquences positives comme négatives etc.

Peter Senge insiste sur l’importance d’ «apprendre continuellement à apprendre ensemble ».

Comment faire pour favoriser la réflexion entre collaborateurs ?

  • En planifiant des temps de bilans pour mettre en perspective les résultats obtenus au regard des objectifs posés.
  • En intégrant des pratiques de coaching, des feedback, des suivis individualisés par un manager.
  • En proposant des retours collectifs d’expérience.

C’est ainsi que l’entreprise va élaborer sa base de connaissances, édifier des techniques, des process et instaurer une culture commune à tous les services. La force de l’entreprise apprenante va être de normaliser ces résultats en « politique du savoir ».

3. Établir et communiquer sa politique du savoir

La politique du savoir englobe les éléments suivants :

  • Tenir et étoffer une base de connaissances.
  • Identifier et mettre en avant les compétences de chacun grâce à un référentiel.
  • Identifier les besoins de formation des salariés en se fondant sur leurs sources de motivation, leurs compétences, leurs ambitions

Une fois la culture commune instaurée par l’entreprise, il va falloir la communiquer à tous pour que chacun en fasse bon usage.

Il est important que chaque acteur comprenne le lien entre la réalité économique, les solutions proposées et  la conscience de pouvoir agir pour produire un changement. Le manager aura un rôle pédagogique à jouer pour expliquer la politique du savoir et « la vision » dans laquelle elle s’inscrit.

En sachant répondre aux besoins toujours nouveaux de ses clients, en s’adaptant aux fluctuations du marché, l’entreprise apprenante devient le modèle à suivre. Le savoir associé à l’adaptabilité et à la réactivité font de l’entreprise apprenante l’exemple d’une entité novatrice et performante.

Points à retenir

  • L’entreprise apprenante est considérée comme une entité en mouvement dotée de la capacité d’évoluer et de s’adapter en permanence à son environnement.
  • L’entreprise apprenante maintient sa productivité en étudiant l’environnement, en le comprenant et en agissant en fonction de lui.
  • La valeur ajoutée de l’entreprise apprenante réside dans le fait de rester connectée aux besoins du marché.
  • Dans une entreprise apprenante, chaque difficulté est envisagée comme une formidable opportunité d’apprentissage.
  • L’entreprise apprenante s’attache à la résolution des problèmes pour en tirer une base d’apprentissage.
  • L’entreprise apprenante favorise la réflexion sur les actions menées entre collaborateurs.
  • L’entreprise apprenante établit une « politique du savoir ».
  • Elle parvient à faire adhérer ses collaborateurs à sa vision d’entreprise.